Description
Dans le sud de l’Irak, Tell al-Muqayyar a depuis longtemps attiré l’attention en raison de la masse imposante de sa ziggourat. Des fouilles y ont eu lieu depuis 1854, celles de Woolley entre 1922 et 1934 ayant été rendues célèbres par les fameuses tombes royales alors découvertes. Mais le site offre aussi une opportunité unique de reconstituer la vie d’une cité mésopotamienne, grâce à l’extraordinaire abondance des archives découvertes aussi bien dans les grands bâtiments que dans les quartiers d’habitation datant du premier quart du IIe millénaire av. J.-C.
Dans le présent ouvrage, on a d’abord voulu mieux prendre en compte les 230 textes découverts antérieurement aux fouilles de Woolley (sur un corpus total de 1500) : par Taylor en 1854, puis de façon irrégulière jusqu’en 1918. On en dresse ici le catalogue en reconstituant les différents contextes dans lesquels ces tablettes ont été exhumées.
Par ailleurs, les tablettes découvertes lors des fouilles de Woolley ont été publiées sans qu’une attention suffisante ait été portée aux données archéologiques. S’appuyant sur le projet « Ur Online », les auteurs sont parvenus à pallier les déficiences de l’enregistrement et à reconstituer de nombreuses archives, qu’il s’agisse d’organismes comme le Ganunmah, ou d’individus comme Dumuzi-gamil ou Ea-naṣir. Mieux définir la nature des échantillons textuels qui nous sont parvenus a permis de corriger certaines généralisations prématurées et de reprendre des études synthétiques, portant sur des activités comme le prêt ou des groupes comme le clergé du dieu Enki-d’Eridu. Les progrès dans nos connaissances rendent par ailleurs très fructueux le travail de collation, sur les originaux ou sur photos : sur cette base, plus d’une centaine de textes sont ici édités, dont sept publiés pour la première fois.
On doit enfin tenir compte des abondantes découvertes épigraphiques effectuées lors des trois campagnes de fouilles menées entre 2015 et 2019 sur le site de Tell al-Muqayyar sous la direction d’E. Stone. Elles ont directement inspiré certaines études du présent recueil, notamment à propos des tablettes trouvées dans des caveaux funéraires. Elles ont également contribué à remettre en cause la soi-disant faible attestation de la présence babylonienne pendant vingt-cinq ans, avant que la ville d’Ur ne soit largement abandonnée en l’an 12 de Samsu-iluna.
C’est dans cet esprit que les quinze contributions qui constituent le présent volume ont été préparées dans le cadre du projet « EcritUr » financé par l’ANR pour 36 mois depuis le 1er octobre 2017. Regroupées en six parties, elles sont suivies d’un gros appareil d’index et de résumés en français et en anglais.