2024. Mémoires de NABU 23 (livre imprimé)

Table des matières Archibab 5

En Mésopotamie, l’écriture fut inventée et longtemps maîtrisée par un groupe restreint d’individus au service du palais et des temples. Les données archéologiques et épigraphiques témoignent d’une intensification et d’une généralisation du recours à l’écrit dans la première moitié du deuxième millénaire avant notre ère, pendant la période dite paléo-babylonienne ou amorrite (2004–1595). Il était alors devenu si courant d’envoyer des lettres que les scribes de cette époque considéraient que l’écriture avait été inventée pour communiquer à distance. Ce livre étudie l’essor de la correspondance pendant cette période. Le premier chapitre replace les lettres, qui sont en langue akkadienne, dans leur contexte social en dressant le portrait des individus qui correspondaient par écrit. Le second chapitre présente, parmi les exercices étudiés pendant le cursus scribal, ceux qui permettaient d’apprendre à lire et à écrire des lettres en akkadien. Celles copiées à l’école, en particulier, sont étudiées en détail pour la première fois. Le troisième chapitre est dédié au contenu des lettres à travers les siècles tandis que le quatrième chapitre s’inspire de la pragmatique et de la linguistique textuelle pour comparer le degré d’implicite et la complexité d’environ trois cents lettres rédigées entre le XXe et le XVIIe siècles. Cette recherche offre pour la première fois une synthèse des connaissances accumulées au cours des 130 dernières années autour d’un corpus constitué de plus de 7000 lettres paléo-babyloniennes et explore de manière innovante le contexte, le contenu et la langue de ces textes.

In Mesopotamia, writing was invented and long mastered by a small group of individuals in service to the palace and temples. Archaeological and epigraphic evidence attests to an intensification and broadening use of writing in the first half of the second millennium BC, during the so-called Old Babylonian or Amorite period (2004–1595). The exchange of letters became so commonplace that scribes of that era considered writing to have been invented for remote communication. This book explores the rise of correspondence during this period. The first chapter contextualizes the letters, written in Akkadian at the time, within their social framework by profiling the individuals who corresponded in writing. The second chapter highlights, among the scribal exercises studied during the curriculum, those that taught reading and writing letters in Akkadian. The practice letters copied in school, in particular, are examined in detail for the first time. The third chapter focuses on the content of letters throughout the centuries, while the fourth chapter draws inspiration from pragmatics and textual linguistics to compare the degree of implicitness and complexity in around three hundred letters written between the 20th and 17th centuries. This research not only offers a pioneering synthesis of knowledge gathered over the past 130 years on a corpus of over 7,000 Old Babylonian letters but also provides a fresh and innovative exploration into the context, content, and language of these letters.

Marine Béranger est docteure de l’EPHE – PSL.

Publié le

Publication de : B. Fiette – Archibab 3. Le Palais, la terre et les hommes

Nous sommes heureux d’annoncer la publication de : B. Fiette, Archibab 3. Le Palais, la terre et les hommes. La gestion du domaine royal de Larsa d’après les archives de Šamaš-hazir, Mémoires de N.A.B.U. 20, Paris, 2018.

446 p., couverture rigide, 1 carte, 16 nouveaux textes édités.

ISBN : 979-10-97449-00-1

Prix : 50 euros + frais de port.

Commande et paiement possibles sur notre boutique en ligne : http://sepoa.fr/?product=2018-memoires-de-nabu-20.

 

Résumé 

Les archives de Šamaš-hazir sont une illustration de la domination babylonienne sur le Sud mésopotamien, depuis la victoire de Hammu-rabi de Babylone sur l’ancien roi de Larsa Rim-Sin en 1763 av. J.-C. jusqu’à sa mort en 1750. Elles permettent de traiter la question du Palais, de la terre et des hommes autour de ces trois axes :

– la province de Larsa, en tant que territoire conquis et administré par les Babyloniens,

– le domaine royal, composé des terres de service et de la réserve du Palais de Babylone,

– le domaine d’un Babylonien autour de Larsa, à travers les possessions de Šamaš-hazir.

Les textes composant ces archives ont été exhumés par des fouilleurs clandestins, qui pillèrent le site de Tell Senkereh au début du XXe siècle. Cela eut pour conséquence d’arracher ces tablettes à leur contexte archéologique d’origine et, après leur passage sur le marché des antiquités, de les disperser dans plusieurs collections. Celles-ci sont désormais conservées en grande majorité à l’Ashmolean Museum d’Oxford et au Musée du Louvre. On compte également plusieurs lots en Amérique du Nord : dans la Babylonian Collection de l’Université de Yale (dont 5 tablettes publiées en annexe), les collections des Universités de Berkeley et du Michigan, de la Free Library de Philadelphie, du Smith College (Massachusetts), et dans les réserves du Royal Ontario Museum de Toronto (10 tablettes publiées en annexe) ; en Europe : au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, au British Museum (1 tablette publiée en annexe).

La reconstitution des archives de Šamaš-hazir a représenté un enjeu capital, qui est passé notamment par leur édition électronique dans la base de données ARCHIBAB. Le site web www.archibab.fr donnera bientôt librement accès aux transcriptions, traductions et analyses des 337 documents d’archives de Šamaš-hazir : 199 lettres, 133 documents administratifs, juridiques ou comptables et 5 scellements d’argile.

Il faut souligner que nous avons affaire aux archives mortes de ce personnage : celles-ci ne comportent aucun document à valeur juridique permanente, comme par exemple des contrats d’achats. Šamaš-hazir et sa famille ont visiblement quitté Larsa quelque temps après le décès de Hammu-rabi en 1750.

Environ trois quarts de ce corpus ont trait aux activités professionnelles de Šamaš-hazir en tant que gestionnaire (šassukkum) du domaine royal de Hammu-rabi de Babylone dans la province de Larsa. On y trouve sa correspondance passive avec le roi ou le ministre Lu-Ninurta, ainsi que des registres de récoltes, des rapports d’activités d’exploitants agricoles, ou encore des documents circulant en interne au sein du service de Šamaš-hazir (notes d’activités, mémorandums, listes de champs). Ces documents permettent de traiter différentes questions se rattachant toutes à la problématique de la mainmise babylonienne sur les terres du Sud mésopotamien.

Le premier chapitre porte ainsi sur l’exercice du pouvoir babylonien dans le Sud mésopotamien conquis. Les archives de Šamaš-hazir, recoupées avec les archives épistolaires de Sin-iddinam, le gouverneur du Yamutbalum, nous informent sur l’administration provinciale et sur ses dignitaires, qui sont notamment en charge de faire régner l’ordre et la justice babyloniennes et d’exploiter les ressources naturelles pour le compte du Palais de Babylone.

Le deuxième chapitre porte plus spécifiquement sur la politique et la gestion de la terre dans le domaine royal de Larsa. À travers les archives du šassukkum, on peut examiner l’organisation du domaine royal avec une grande précision. D’une part, le roi distribue des champs alimentaires pour rémunérer ses serviteurs – qu’ils soient militaires, membres du clergé ou professionnels de tout métier – et d’autre part, il fait exploiter des champs pour le compte du Palais. De plus, Šamaš-hazir est chargé de résoudre les problèmes d’irrigation et les litiges entre les titulaires et les exploitants de ces terres.

Le dernier quart des archives de Šamaš-hazir a trait à son domaine privé, qui constitue l’objet du troisième et dernier chapitre. Ses possessions étaient composées de champs, de palmeraies, de vergers, de troupeaux ovins et caprins. 14 lettres issues de sa correspondance familiale, ou adressées par les dépendants et les partenaires de son domaine, à lui-même ou à son épouse Zinu qui est très impliquée dans la gestion de la maison et du domaine, ainsi que 74 documents juridiques (contrats d’exploitation de champs et de palmeraies, contrats de pacage, prêts de denrées diverses) ou comptables (reçus de denrées diverses, récapitulatifs de comptes annuels, une liste de distribution de rations) témoignent directement de la vie économique de son domaine. Bien que relevant des activités privées de Šamaš-hazir, l’étude de ces documents se rattache également à la question de la manifestation du pouvoir babylonien dans le Sud, eu égard au fait que Šamaš-hazir est un ressortissant babylonien qui s’est bâti un vaste domaine aux alentours de Larsa, sans doute en faisant fructifier des biens de fonctions reçus en possession de la part du Palais de Babylone.

 

2018. Mémoires de NABU 20

B. Fiette, Archibab 3. Le Palais, la terre et les hommes. La gestion du domaine royal de Larsa d’après les archives de Šamaš-hazir, Mémoires de N.A.B.U. 20, Paris, 2018.

446 p., couverture rigide, 1 carte, 16 nouveaux textes édités.

ISBN : 979-10-97449-00-1

Le livre est vendu 50 euros.

 

Résumé 

Les archives de Šamaš-hazir sont une illustration de la domination babylonienne sur le Sud mésopotamien, depuis la victoire de Hammu-rabi de Babylone sur l’ancien roi de Larsa Rim-Sin en 1763 av. J.-C. jusqu’à sa mort en 1750. Elles permettent de traiter la question du Palais, de la terre et des hommes autour de ces trois axes :

– la province de Larsa, en tant que territoire conquis et administré par les Babyloniens,

– le domaine royal, composé des terres de service et de la réserve du Palais de Babylone,

– le domaine d’un Babylonien autour de Larsa, à travers les possessions de Šamaš-hazir.

Les textes composant ces archives ont été exhumés par des fouilleurs clandestins, qui pillèrent le site de Tell Senkereh au début du XXe siècle. Cela eut pour conséquence d’arracher ces tablettes à leur contexte archéologique d’origine et, après leur passage sur le marché des antiquités, de les disperser dans plusieurs collections. Celles-ci sont désormais conservées en grande majorité à l’Ashmolean Museum d’Oxford et au Musée du Louvre. On compte également plusieurs lots en Amérique du Nord : dans la Babylonian Collection de l’Université de Yale (dont 5 tablettes publiées en annexe), les collections des Universités de Berkeley et du Michigan, de la Free Library de Philadelphie, du Smith College (Massachusetts), et dans les réserves du Royal Ontario Museum de Toronto (10 tablettes publiées en annexe) ; en Europe : au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, au British Museum (1 tablette publiée en annexe).

La reconstitution des archives de Šamaš-hazir a représenté un enjeu capital, qui est passé notamment par leur édition électronique dans la base de données ARCHIBAB. Le site web www.archibab.fr donnera bientôt librement accès aux transcriptions, traductions et analyses des 337 documents d’archives de Šamaš-hazir : 199 lettres, 133 documents administratifs, juridiques ou comptables et 5 scellements d’argile.

Il faut souligner que nous avons affaire aux archives mortes de ce personnage : celles-ci ne comportent aucun document à valeur juridique permanente, comme par exemple des contrats d’achats. Šamaš-hazir et sa famille ont visiblement quitté Larsa quelque temps après le décès de Hammu-rabi en 1750.

Environ trois quarts de ce corpus ont trait aux activités professionnelles de Šamaš-hazir en tant que gestionnaire (šassukkum) du domaine royal de Hammu-rabi de Babylone dans la province de Larsa. On y trouve sa correspondance passive avec le roi ou le ministre Lu-Ninurta, ainsi que des registres de récoltes, des rapports d’activités d’exploitants agricoles, ou encore des documents circulant en interne au sein du service de Šamaš-hazir (notes d’activités, mémorandums, listes de champs). Ces documents permettent de traiter différentes questions se rattachant toutes à la problématique de la mainmise babylonienne sur les terres du Sud mésopotamien.

Le premier chapitre porte ainsi sur l’exercice du pouvoir babylonien dans le Sud mésopotamien conquis. Les archives de Šamaš-hazir, recoupées avec les archives épistolaires de Sin-iddinam, le gouverneur du Yamutbalum, nous informent sur l’administration provinciale et sur ses dignitaires, qui sont notamment en charge de faire régner l’ordre et la justice babyloniennes et d’exploiter les ressources naturelles pour le compte du Palais de Babylone.

Le deuxième chapitre porte plus spécifiquement sur la politique et la gestion de la terre dans le domaine royal de Larsa. À travers les archives du šassukkum, on peut examiner l’organisation du domaine royal avec une grande précision. D’une part, le roi distribue des champs alimentaires pour rémunérer ses serviteurs – qu’ils soient militaires, membres du clergé ou professionnels de tout métier – et d’autre part, il fait exploiter des champs pour le compte du Palais. De plus, Šamaš-hazir est chargé de résoudre les problèmes d’irrigation et les litiges entre les titulaires et les exploitants de ces terres.

Le dernier quart des archives de Šamaš-hazir a trait à son domaine privé, qui constitue l’objet du troisième et dernier chapitre. Ses possessions étaient composées de champs, de palmeraies, de vergers, de troupeaux ovins et caprins. 14 lettres issues de sa correspondance familiale, ou adressées par les dépendants et les partenaires de son domaine, à lui-même ou à son épouse Zinu qui est très impliquée dans la gestion de la maison et du domaine, ainsi que 74 documents juridiques (contrats d’exploitation de champs et de palmeraies, contrats de pacage, prêts de denrées diverses) ou comptables (reçus de denrées diverses, récapitulatifs de comptes annuels, une liste de distribution de rations) témoignent directement de la vie économique de son domaine. Bien que relevant des activités privées de Šamaš-hazir, l’étude de ces documents se rattache également à la question de la manifestation du pouvoir babylonien dans le Sud, eu égard au fait que Šamaš-hazir est un ressortissant babylonien qui s’est bâti un vaste domaine aux alentours de Larsa, sans doute en faisant fructifier des biens de fonctions reçus en possession de la part du Palais de Babylone.